La recherche, est très coûteuse et nécessite des moyens importants aussi bien humains qu’en terme d’équipements des plus sophistiqués. La redondance étant qui plus est indispensable en matière de métrologie, particulièrement au plus haut niveau de réalisation, elle doit être conciliée avec une juste optimisation des moyens mis en œuvre.
EUROMET permettait de générer des projets de recherche et développements en commun, basé sur le partenariat volontaire et sur les fonds propres de chaque pays participants. Compte tenu des nouveaux domaines devant faire appel à la métrologie et en développement croissant, tels que les nanosciences, la biotechnologie, la médecine, les logiciels et la modélisation, les matériaux, la santé, l'imagerie, la métrologie de la perception, la sécurité et l'espace, et bien d'autres encore, des moyens complémentaires étaient nécessaires.
Pour cela, une organisation pour réaliser de nouveaux projets de recherche en métrologie devait être étudiée : c'était donc l’objectif du projet i-MERA - implementing the Metrology European Research Area.
Ce projet a été piloté par notre homologue anglais, le NPL (National Physical Laboratory - Royaume-Uni) pendant trois années pour un programme commun de recherche et de développement en métrologie pour l'Europe.
En effet, solliciter des fonds complémentaires de l'Union Européenne pour le soutien d'une partie de ce programme européen de recherche en métrologie était envisagé à moyen terme, mais avec la condition de démontrer une organisation claire pour la gestion de moyens et pour la sélection des programmes scientifiques. Il était donc nécessaire que les organismes de tutelles des laboratoires nationaux de métrologie participent à ce projet.
Le projet i-MERA a regroupé 20 membres de 14 pays dont les représentants de certains gouvernements des états membres de l'UE. Le LNE et les laboratoires nationaux de métrologie français ont participé à ce projet, qui s’est déroulé de 2005 à 2008.
Pour préparer le programme européen de recherche, plusieurs étapes ont été nécessaires et le projet était composé de plusieurs phases :
A l’issue du projet i-MERA, deux programmes européens de recherche en métrologie ont vu successivement le jour, accompagnés par une légère refonte de l’association européenne de métrologie, devenue EURAMET.
Le premier programme, EMRP (European Metrology Research Programme), a été mis en place dès 2009, suite à la signature par le parlement européen de l’Article 169 permettant un financement ciblé pour la métrologie, de projets communs de recherche dans le cadre des activités du "7ème programme cadre - FP7". Ce premier plan a permis de financer 23 états participants, à hauteur de 400 M€. Chacun des projets de recherche réalisés dans ce cadre, d’une durée de 3 ans, a été sélectionné par un processus annuel d’appel à projet, contrôlé par la commission européenne et financé pour moitié par cette dernière.
Un total de 119 projets d’étude a ainsi été mené entre 2010 et 2016 sur les thématiques métrologiques d’intérêt, établies par le comité décisionnel de l’EMRP. Ces thématiques présentent des enjeux sociétaux ou économiques importants et sont classés en fonction de leur lien avec la santé, l’environnement, l’énergie, les besoins industriels, les nouvelles technologies ou l’aspect fondamental de refonte du système international d’unités.
La France a contribué à 84 de ces projets. Parmi ces projets, on citera les participations françaises à la dissémination de l’échelle de temps sur fibre optique, à la constitution d’une nouvelle référence pour le kilogramme, matérialisée par la balance de Kibble (ou watt) et aux développements de nouvelles références garantissant le fonctionnement des équipements de radiothérapies en cancérologie.
Le second programme, EMPIR (European Metrology Programme for Innovation and Research) a été voté au parlement européen en mai 2014, en tant qu’Article 185. Le budget consolidé se situe autour de 600 M€ sur 7 années d’appels à projets à partir de 2014 (300 M€ financés par la CE, 300 M€ directement par les Etats). La Commission européenne finance les NMI/DI (laboratoires nationaux de métrologie) à hauteur de 43,75 % (les Etats devant apporter le complément). 15 % du budget global est dédié à des organisations autres que les NMI/DI (universités, organisations internationales, industries, laboratoires, etc.).
L’association EURAMET (association des laboratoires nationaux de métrologie européens) a été transformée en entité légale en 2007 afin de gérer l’ensemble du programme EMPIR (la CE délègue officiellement la gestion à EURAMET par un « Grant Agreement », avec droit de regard), aussi bien au niveau financier que scientifique.
Le programme a plusieurs modules ; les appels à projets se font pour chacun des modules. Les points essentiels du programme sont « l’innovation » (transfert vers l’industrie), les « grand défis » (énergie, santé, environnement principalement), le Système International d’unités (le SI) et la recherche pré-normative. Ceci afin de répondre aux besoins scientifiques d’une part, et pour effectuer de la R&D qui permet de répondre aux fossés technologiques existants entre la recherche et l’industrie, d’autre part.
A cette heure et après deux années d’exercice, le réseau français de la métrologie française est d’ores et déjà impliqué dans plus d’une vingtaine de projets, en particulier en lien avec la redéfinition et la tracabilité des unités en électricité et en température, mais aussi avec la réalisation de liens fibrés entre NMIs pour des comparaisons de très grandes exactitudes d’horloges optiques.