Dans la perspective d’une nouvelle redéfinition du SI qui pourrait être basée uniquement sur des constantes fondamentales, plusieurs études sont entreprises par le LNE. Par ailleurs, pour répondre aux besoins croissants des industriels et des laboratoires de recherche en terme d'incertitude de plus en plus faible, mais aussi pour permettre des raccordements aux étalons nationaux plus adaptés et plus performants, un certain nombre d'études sont initiées.
Actuellement, la réalisation de l’ampère ne s’effectue pas directement, mais à partir des étalons de résistance et de force électromotrice en appliquant la loi d’ohm. C’est pourquoi, afin d’améliorer l’incertitude de la réalisation, le LNE développe un étalon quantique de courant électrique à partir de dispositifs dont le fonctionnement repose sur l’association de l’effet tunnel mono-électronique SET (Single Electron Tunneling) et du blocage de coulomb. Pour réaliser un étalon quantique de courant, il faut que les dispositifs soient capables de créer un courant I dont on contrôle, au moyen d’une fréquence déterminée f, le passage des électrons un par un (I = e·f). Ces dispositifs, appelés pompes à électrons de type R, sont constitués de trois jonctions tunnel mises en série, de deux condensateurs de grille permettant le passage ou non d’un électron par contrôle du niveau de Fermi, et d’une résistance placée à chaque extrémité du dispositif pour diminuer les erreurs dues à l’effet tunnel concomitant.
Du fait que le blocage de coulomb disparaît au dessus de 3 K, la mesure du courant produit s'effectue en fixant la pompe de type R et le câblage de mesure sur un réfrigérateur à dilution. L'amplification du courant est basée sur l'emploi d'un comparateur cryogénique de courant continu (4C).
Un nouveau réfrigérateur à dilution, plus performant, permettra de tester de nouvelles configurations de 4C.
Pompe à électrons de type R du LPN
Réfrigérateur à dilution de l'effet tunnel mono-électron
Le renforcement de la confiance accordée aux relations entre les constantes RK et KJ d'une part, et la constante de Planck h et la charge de l'électron e d'autre part, constitue une étape indispensable avant d'envisager une redéfinition des unités électriques à partir des constantes fondamentales de la physique.
L'objectif de l'étude dite du "triangle métrologique" est de vérifier avec une incertitude de 10-8, la cohérence des constantes fondamentales RK, KJ et QX dont les valeurs devraient être respectivement h/e2, 2e/h, et e. De façon expérimentale cela revient à vérifier que le produit RK.KJ.QX a pour valeur 2. La mise en oeuvre pratique consiste à réaliser la loi d'ohm à partir des étalons quantiques de résistance, de force électromotrice, et de courant.
Schéma du triangle métrologique (f1, f2 : fréquence HF d’irradiation des jonctions Josephson ; n1, n2, i : facteurs numériques)
Le LNE a adopté deux approches pour la réalisation d'étalons quantiques de tension alternative. Ces deux approches s'appuient sur la mise en réseaux de jonctions Josephson (RJJ) dont les caractéristiques courant - tension sont non hystérétiques et reposent sur l'idée de transformer les RJJ en convertisseur analogique/numérique de haut niveau de précision.
Ces deux approches sont d'une part les études de réseaux de jonctions Josephson programmables et, d'autre part, les études de réseaux de jonctions Josephson à commande impulsionnelle.
a. Les réseaux de jonctions Josephson programmables
Les réseaux de jonctions Josephson programmables sont constitués de plusieurs jonctions Josephson mises en série et réparties en séquences binaires (segments). Sous l'effet d'une irradiation hyperfréquence et d'un courant de polarisation, chaque segment peut être séparément polarisable sur une marche de tension déterminée. La tension de sortie du réseau correspond à la somme des tensions délivrée par chaque segment. Enfin, l'automatisation de la commande de chaque source de courant permet de générer une tension alternative de haut niveau de précision.
Réseau de jonctions Josephson
b. Les réseaux de jonctions Josephson à commande impulsionnelle
Les réseaux de jonctions Josephson à commande impulsionnelle utilisent la technique de conversion numérique/analogique Delta-Sigma. Les réseaux sont polarisés par des trains d'impulsions à très haut débit, dont la moyenne temporelle représente le signal arbitraire basse fréquence que l'on souhaite générer. Les réseaux répondent alors par des impulsions de tension. Après filtrage de la tension de sortie du réseau, on obtient le signal basse fréquence désiré avec une précision reliée à celle de l'effet Josephson.
Les étalons de résistance sont mises en oeuvre dans des barres de Hall se qui restreint en général les valeurs de résistances aux valeurs correspondantes à celles de RK/2 et RK/4. L'association de plusieurs barres de Hall en série ou en parallèle permet d'étendre les valeurs de résistances, tout en gardant des incertitudes faibles. Le LNE a conçu ces dispositifs nommés QHARS (Quantum Hall Array Resistance Standards) et a validé l'obtention de résistances dont les valeurs sont comprises entre 100 Ω et 1,29 MΩ.
QHARS (Quantum Hall Array Resistance Standard)
Bâtonnets à couches résistives ultra minces pour la réalisation de résistances calculables
Convertisseurs thermiques fermé et ouvert
Double six-portes 18GHz-40 GHz